« SEULEMENT 12 LITRES DE LAIT POUR UNE RATION ÉQUILIBRÉE À 20 »
Pendant des années, les vaches d'Achille Foubert, installé à Bannes, en Mayenne, produisaient moins de lait dès qu'elles étaient dans le bâtiment. Après avoir tout remis en question, plusieurs sources de courants parasites ont été identifiées.
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LES ENNUIS D'ACHILLE COMMENCÈRENT SOURNOISEMENT au début des années 2000, celles qu'il appelle des « années d'errance ». Des travaux avaient été effectués sur la ferme pour accompagner son extension. « Au fur et à mesure des modifications, la situation se dégradait », se souvient Achille. Jusqu'à arriver au point où, quand il rentrait ses vaches pour la nuit, la production baissait de 15 %. « Pour une ration équilibrée pour 20 litres, je n'en produisais que 10 à 12 l'hiver avec un taux de cellules normal. La perte de production atteignait 30 % quand le pâturage s'arrêtait, alors que la répartition des vaches dans les logettes était homogène. Les vaches n'assimilaient que très peu l'aliment, quel qu'il soit. Je perdais aussi beaucoup d'animaux du fait d'avortements (jusqu'à six par an pour seulement 30 vaches), d'arthrite (sept en dix ans) et de diarrhées sur les veaux nés en bâtiment. »
« JE ME SENTAIS BIEN SEUL »
Achille passa sept hivers éprouvants : « La production n'était pas du tout à la hauteur. En 2013, il m'est arrivé de traire 27 vaches et de n'avoir que 80 litres dans le tank. J'ai envisagé d'arrêter la production laitière ou de me passer la corde au cou. Parfois, il fallait que je prenne le tracteur pour lever jusqu'à trois vaches le même matin. J'avais beau en parler autour de moi, tout le monde remettait en cause la quantité de travail que j'avais à assumer ou la qualité des fourrages achetés. Dans ces cas-là, on envisage toutes les possibilités, y compris la sorcellerie ! Je n'en pouvais plus de travailler dans ces conditions psychologiques et physiques. Je me sentais bien seul malgré les différents professionnels qui sont passés sur la ferme. Ils ont apporté quelques petites solutions mais ils n'ont pas résolu le problème de base. Je me fichais du prix des rendez-vous car en dix ans, je pense avoir perdu entre 50 000 et 100 000 €. » En parallèle, l'atelier de poules pondeuses, branché sur une autre ligne électrique, ne donnait aucun signe d'inquiétude.
L'alimentation électrique générale avait été refaite à neuf en 1999. Achille avait donc éloigné cette hypothèse. « Plus ça allait et plus je consommais d'électricité, se souvient-il. J'ai même augmenté la puissance du compteur. » Puis il se souvint que quelque temps auparavant, des techniciens EDF étaient venus contrôler la terre EDF. Elle était à 67 ohms au lieu d'être inférieure à 15 Ω.
« UNE FUITE DE COURANT SE DISSIPAIT DANS LE SOL, JUSQU'À LA SALLE DE TRAITE »
« Comme c'était l'été et que je ne comprenais pas les conséquences, je n'avais pas fait le lien avec les problèmes de mon troupeau. » Achille Foubert a corrigé la terre ainsi que les liaisons équipotentielles qui s'étaient oxydées. Cependant, les problèmes persistaient.
Lors du diagnostic électrique réalisé par Jean-Paul Thuard, du Clasel, un défaut d'isolement du câble d'alimentation a été décelé. Une fuite de courant se dissipait dans le sol. Il était transporté par un passage d'eau jusqu'à la salle de traite et dans la nurserie. Cette fuite n'était pas visible à l'oeil nu, probablement une zone de microporosité qui a permis à l'eau d'entrer dans la gaine. « Après le changement de ce câble, dans la semaine, la production laitière a décollé ! » s'exclame Achille.
Aujourd'hui, Achille aborde plus sereinement ses journées de travail. « Je ne perds plus de veau du fait de diarrhées ou d'arthrite. Les vaches sont plus calmes en salle de traite et bousent beaucoup moins. Surtout, elles produisent du lait ! Pour une ration équilibrée à 20 kg, j'en produis 18. J'ai encore quelques aménagements à réaliser, comme la clôture dont s'échappe du courant. J'y vais étape par étape. Mais rien à voir avec ce que je vivais il y a encore quelques mois. Maintenant, je dois corriger quelques défauts électriques au niveau de l'atelier de poules pondeuses avec lequel je n'ai pas le droit à l'erreur. »
L'arthrite a commencé à atteindre les veaux au début des années 2000. En dix ans, sept animaux ont ainsi perdu en mobilité, sans qu'aucune explication évidente soit apportée. © ÉMILIE AUVRAY
Pendant les périodes de pâturage, la production n'était que peu affectée par les courants parasites. Elle commençait à baisser dès que les animaux rentraient pour la nuit. © ÉMILIE AUVRAY
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